Sommaire :
Comment vendre son expertise sans passer pour un vendeur de fruits et légumes
Comment une discussion avec mon frère m’a aidé à démêler un bout de pelote tout en ébranlant mes convictions
Comment l’amour guide mes pas (en moi, pour toi 😜) (iykyk)
Comme je vous le disais dans cette précédente édition, je tâtonne encore à trouver la communication qui me ressemble pour le lancement de mon site de consulting.
J’ai souvent l’impression que, pour vendre un service, il faut se mettre dans la peau d’un colporteur sur un marché, rayon primeur : « Regardez mes conseils ! Ils sont beaux mes conseils! C’est la pleine saison, vous n’en trouverez pas de meilleurs! Profitez-en ils sont en promo, demain ils seront plus chers, dépêchez-vous avant qu’il ne soit trop tard ».
Et ça me semble si loin de moi. D’autres le font très bien et cartonnent même. Mais pour moi, ça ne fonctionne pas, je ne me trouve pas authentique, voire grotesque.
Je vous ai raconté mon cheminement pour réaliser des vidéos face cam et ma propension à essayer par tous les moyens de me cacher, alors même que je pensais avoir fait de gros progrès en la matière.
Il y a quelques jours, je discutais avec mon frère. Même si il était enthousiasmé par le projet, et avait lu les précédentes éditions avec attention, il peinait à comprendre le but de cette newsletter.
« Qu’est ce que tu vends? Est-ce que tu vends une expertise? Est-ce que tu racontes simplement ta vie? Parce que là on a l’impression que tu as juste envie de sortir les fondateurs de leur solitude (ce qui est déjà en soi un joli projet NDLR) mais que tu n’as pas vraiment de méthode avec des résultats concrets à montrer ».
J’en suis restée pantoise.
Je lui explique alors que si, j’ai une expertise : transformer les marques en Love Brand. Que j’ai même mis au point une méthode exclusive que j’applique avec mes clients, et qui a déjà porté de beaux fruits.
Attentif, il m’écoute dérouler mes convictions, mon pas à pas, et finit par m’interrompre :
« Elise, déjà, c’est quoi une Love Brand? Et pourquoi les marques devraient toutes en être? »
Bon sang, mais c’est bien sûr. Même si cette discussion m’a un peu ébranlée, elle m’a ouvert les yeux, j’avais trouvé le fil qui me manquait :
C’est évidemment par là que je dois commencer.
Quand j’ai lancé cette newsletter, j’avais surtout envie de reprendre contact avec toutes les personnes qui m’ont suivies depuis les années robes de mariées. Raconter mon cheminement, les années qui ont suivi cette belle aventure, partager aussi des bribes de mon quotidien d’expatriée, de maman, et de consultante : j’avais besoin de créer du lien, de l’émotion entre nous.
Toutes mes actions depuis le début de ma vie professionnelle, ont été menées, guidées uniquement par mon instinct. Comme je vous le racontais ici, c’est une force qui me pousse et que je sens dans tout mon corps : je sais, sans pouvoir l’expliquer, que ce que je suis en train de faire, est la bonne voie pour moi.
Et cette newsletter n’échappe pas à la règle.
Avec ma marque de robes de mariées, j’avais déjà l’intuition que le succès d’une marque ne se résumait pas à un produit. Il ne suffisait pas de créer de jolies robes. Il fallait embarquer ses clientes dans une histoire singulière, unique. Connecter avec elles, leur parler et leur procurer des émotions fortes pour les toucher : en d’autres termes créer un lien indéfectible entre elles et moi. Pour cela, il allait falloir que je leur parle avec authenticité, sans fards, que je leur raconte qui j’étais.
Ce que je sais faire de mieux : raconter des histoires. Et d’amour de préférence. Mon processus créatif était déjà à lui seul une « anomalie » par rapport à mes autres amies stylistes.
Au lieu de commencer par réfléchir aux formes ou aux tissus, j’imaginais d’abord le shooting photo d’une collection. J’avais besoin de me représenter l’image que je voulais donner, le ton, le lieu, le décor, la musique, l’ambiance.
Collection « Toute la vie », vidéo Théo Gosselin. L’inspiration est partie de ce texte que j’ai écrit avant de dessiner la collection
« Il lui susurre à l’oreille :“Viens.”
“Où ça ? Tous nos invités sont là”
“Là où le vent nous mènera”
Et ils s’enfuirent pour une folle nuit
battre le pavé parisien et fêter leur amour…
pour toute la vie ».
La suite, les robes dessinées, étaient griffonnées en quelques jours à peine, comme un prolongement logique de l’univers que j’avais posé (technique que j’utilise encore avec mes clients, comme je vous le décrivais ici).
J’avais aussi l’intuition que la clé de la réussite d’une marque tenait dans l’écoute de ma cible, et dans le fait de lui donner beaucoup d’amour.
Ma marque parlait d’amour justement, je ne pouvais pas ignorer les personnes pour qui je faisais tout ça : les amoureuses du monde entier (mes robes étaient vendues sur 3 continents, quand j’y repense j’en ai le tournis!)
J’avais pour ambition de le célébrer sous toutes ses formes et je sentais qu’en ne proposant que des robes de mariées, je laissais beaucoup d’amoureuses sur le carreau. Beaucoup d’amies de mes clientes venues les accompagner rêvaient de pouvoir aussi exprimer leur amour : ça n’est pas parce qu’on ne se marie pas que l’on n’a pas envie de crier au monde entier que l’on aime (comme un fou, comme un soldat ;-). J’ai donc lancé le t-shirt « l’Amour fou » en 2017. Hommage à Lara Fabian André Breton et à toutes les femmes qui, comme moi, sont des amoureuses de l’amour.
Collection « l’Amour Fou », photo : Maud Chalard
Un succès phénoménal pour la petite marque que j’étais, il a été sold out en quelques jours ainsi qu’à chaque réédition.
Je voulais aussi donner de l’amour à toutes les futures mariées qui se déplaçaient dans mon showroom. Outre le soin apporté à nos rendez-vous (nous proposions systématiquement des petits choux de chez Popelini et du cidre Aval, la marque de cidre de mon mari et de ses associés, nous travaillions des formulaires à envoyer avant et après chaque essayage, nous préparions des playlists de l’amour…), je voulais qu’elles puissent emmener un bout de notre univers chez elles.
Pendant les essayages elles me posaient beaucoup de questions : connaissez-vous un bon traiteur/DJ/photographe…. Pour quelle coiffure devrais-je opter pour matcher avec le style de ma tenue? Où mon mari peut il trouver un costume qui sorte du queue de pie/ haut de forme? (BTW c’est toujours un gros don’t). Avez-vous des conseils pour aller aux toilettes avec ma robe et sa traîne?
Nous étions les premiers prestataires de mariage de la (longue) chaîne des préparatifs du grand jour.
J’ai alors eu l’idée d’un objet original, qui aurait pour double emploi de répondre à tous leurs questionnements et qui fasse la promotion de notre univers : un magazine léché, au beau papier, qui regrouperait toutes les bonnes adresses et bonnes pratiques pour un mariage à la « Elise Hameau », que les mariées pourraient se passer entre elles comme un flambeau : maintenant c’est ton tour d’avoir le mariage de tes rêves (en Elise Hameau bien sûr ;-) : Bouquet était né.
Toutes ces intuitions n’avaient qu’un seul but : distribuer le plus de love possible!
Quand, après la mise en pause de ma marque et mon burn out, des entrepreneurs sont venus me chercher pour que je les aide à monter leurs marques, à dessiner leurs collections, je sentais que la manière dont ils s’y prenaient ne pouvait qu’aboutir à une marque sans âme. On ne me parlait que du produit. Il serait éco-responsable et fabriqué en France, et en cela, il serait suffisant pour être reconnaissable entre 1000.
Je leur arguais qu’entre deux t-shirts blancs made in France ou Portugal (on me demandait souvent de dessiner des basiques, de l’intemporel, voire même des resucés de marques qui existaient déjà), ce qui faisait la différence c’était l’histoire et l’univers de la marque. J’avais besoin de contexte et de sens.
Je passais ainsi beaucoup de temps à leur définir des univers, à les former sur ce qu’était un bon shooting photo, à leur proposer une ligne éditoriale et à les challenger sur leurs « Why ». Je posais leurs fondamentaux pour que leur marque soit pérenne et reconnaissable entre 1000.
Je leur écrivais, sans le savoir, leur plateforme de marque (même si à l’époque, je ne savais pas exactement ce que c’était - et que j’ai découvert récemment que ce qu’on appelle communément « plateforme de marque » n’est pas tout à fait ce que je livre, mais je vous le raconterai dans une prochaine édition) (ça vous étonne encore que je ne fasse rien comme tout le monde?).
Quelques années plus tard, après une pause pro un 3e bébé et 3 confinements, je discute avec une consultante avec qui je dois co-animer un atelier pour la Fédération Française du Prêt-à-Porter Féminin (j’y suis référencée comme experte en stratégie et image). Nous échangeons sur nos clients, leurs problématiques et besoins.
Notre constat est sans appel : toutes les marques n’aspirent qu’à une chose : gagner en notoriété. Mais très peu semblent connaître leur cible (la connaître vraiment j’entends, pas juste imaginer un « persona » qui sort tout droit du fantasme de l’imaginaire de l’équipe market’), ne savent comment la toucher, l’embarquer, l’inspirer.
Une marque qui se lance aujourd’hui se doit de donner de l’amour à ses clients, et à la terre sur laquelle ils vivent.
Elle doit donc devenir… une Love Brand.
À la fin de la discussion mon cœur s’arrête. Nous venions de mettre un mot sur toutes mes intuitions et mes actions depuis 10 ans. Tout s’imbriquait parfaitement.
J’avais trouvé ma place, ma mission, mon Ikigai : « l’amour peut sauver le monde » - j’emprunte à Emoi Emoi - pour qui j’ai travaillé au déploiement de sa plateforme de marque - sa tagline.
Nous n’arrêterons jamais de consommer, l’humain est ainsi fait, mais si, à mon niveau, je peux aider à transformer l’acte d’achat et l’acte de production en acte d’amour conscient, singulier et éclairé, alors j’aurais fait ma part.
To be continued…
Et parce que vous l’avez réclamé à cor et à cris (oui oui je vous ai entendus même d’ici) (ne me remerciez pas)
La magie de la maïeutique ❤️ Oui il y avait de toi dans ces belles robes et leurs univers. En 2014 j'avais hésité à choisir une belle robe asymétrique (haur assez simple et bas plus court devant que derrière), d'une élégance folle et je m'étais dit que ce serait pour nos 10 ans de mariage ! Cette année on a fêté nos 10 ans et j'ai cherché partout cette robe avant de découvrir que tu avais changé de vie ! J'y pense encore !